Elle est celle qui incarne la première étape de la « Renaulution » (révolution électrique chez Renault). Elle est aussi la voiture électrique la plus vendue en France en juillet 2022, devant la Peugeot e-208. Elle porte le nom d’un modèle iconique. Elle, c’est la nouvelle Megane E-Tech.
Pendant une semaine, nous avons troqué notre véhicule thermique contre la version la plus haut de gamme de la Megane E-Tech. En ville, sur routes de campagne, sur autoroute, nous avons parcouru des milliers de kilomètres. Car, oui, nous avons voulu pousser la star de Renault dans ses retranchements en lui faisant parcourir un aller-retour Amiens-Baux de Provence (riche en émotions).
Alors que vaut la fameuse Megane E-Tech ? Réponse après une semaine d’essai.
Prix et disponibilité de la Megane E-Tech
La Megane E-Tech est proposée à partir à de 35 200 euros (hors bonus écologique de 5 000 euros) soit à peine plus que la Zoé à sa sortie. Mais comme souvent avec les voitures, la Megane E-Tech se décline en plusieurs versions et Renault multiplie les options.
La Megane E-Tech se divise d’abord en deux grandes catégories correspondant aux deux tailles de batteries. La EV40 embarque une batterie de 40 kWh, la EV60 repose sur une batterie de 60 kWh.
La EV40 embarque un moteur de 96 kW soit 130 chevaux, 250 Nm de couple et un 0 à 100 km/h en 10 secondes. La EV60 la plus premium (celle que nous testons ici) embarque un moteur de 160 kW soit 220 chevaux et un 0 à 100 en 7,4 secondes.
La EV40 se décline en deux grands modèles : la 130 Chevaux Standard Charge, vendue 35 200 euros, n’est compatible avec aucune charge rapide. On la conseille donc pour un usage urbain ou périurbain avec la possibilité de la recharger à la maison tous les jours.
La version Boost Charge, elle, est compatible avec la charge rapide jusqu’à 85 kW et dispose d’un chargeur embarqué de 22 kW. Cette option étant facturée 2 000 euros, cette version débute à 37 200 euros.
La EV60 est proposée en quatre versions : deux avec une puissance de 130 chevaux et deux avec 220 chevaux sous le capot. Chaque version a en plus un petit atout supplémentaire :
- la EV60 130 ch Supercharge est vendue 41 200 euros. Elle dispose d’une charge rapide jusqu’à 130 kW soit un 10 à 80% en 37 minutes annonce Renault
- la EV60 130 ch Optimum Charge n’a qu’une chose en plus : un chargeur embarque de 22 kW supportant une alimentation triphasée. Son prix : 42 700 euros.
- la EV60 220 ch Super Charge dispose des mêmes caractéristiques que la version 130 CH mais affiche de meilleures performances grâce à son moteur. Tarif : 40 200 euros.
- enfin, la EV60 220 ch Optimum Charge est le top du top des Megane E-Tech. Vendue à partir de 41 700 euros, cette version dispose du meilleur moteur mais aussi des meilleurs systèmes de recharge
Bien évidemment, Renault propose plusieurs niveaux de finitions ainsi que quelques petits plus en options. Notre modèle d’essai est la Megane E-Tech 220 ch Optimum Charge avec quelques options. Prix de notre modèle d’essai : 43 570 euros (avec option couleur bleu nocturne / toit schiste).
Une Megane qui n’a plus rien d’une Megane
Oubliez la Megane gentille et timide des années passées, la nouvelle Megane s’affirme avec un nouveau look. Plus haute, elle est trop tassée pour être un SUV mais trop élancée pour être une berline. La plupart des personnes l’ayant aperçue l’ont qualifiée de « petit SUV ». Cela nous semble plutôt correct.
Ce mix, associé à de nouvelles lignes plus agressives, font de cette Megane E-Tech une voiture « stylée ». Oui, Renault a bien révolutionné le design de l’un de ses véhicules les plus populaires, au risque d’en décevoir certains.
Plus longue (de 15 cm) que l’ancienne Megane mais plus basse que le Captur, la Megane E-Tech est perchée sur des jantes de 20 pouces. Son toit plongeant, ses petites fenêtres, son nez court et son dos droit en font un véhicule tassé, trapu.
La Megane E-Tech ne laisse pas les passants indifférents. Les gens se retournent et s’interrogent au passage de cette voiture frappée du Losange et pourtant si élégante (c’est assez rare pour le souligner).
Alors que Renault nous avait habitués à des designs un peu vieillots, à des lignes plus arrondies, la Megane E-Tech souffle un vent de modernité, presque futuriste. Ses optiques allongées, ses poignées de porte qui se cachent dans la carrosserie, ses écopes latérales laissant passer l’air ou encore son nouveau logo sont autant d’éléments marquant la « Renaulution ».
La Megane E-Tech est une belle bagnole, équilibrée, élégante et moderne. Une franche réussite.
Bien équipée et confortable
Sur notre version d’essai, Renault ne lésine pas sur les équipements et finitions. Au regard de son prix, on pourrait s’attendre à un habitacle milieu de gamme, il n’en est rien. Renault met les petits plats dans les grands et opte pour des matériaux de qualité : cuir alcantara sur les portes, tissu mesh recyclé sur tout le tableau de bord, de l’aluminium (chromé ou non) un peu partout. Rares sont les parties en plastique noir, et on ne s’en plaindra pas.
Au poste de conduite, on est bluffés par le niveau d’équipement. Deux écrans habillent le tableau de bord. Le premier, central, le plus imposant, affiche une diagonale de 12’’ et est positionné à la verticale. Il surplombe une série de boutons permettant de gérer la climatisation ainsi qu’un logement pour recharger son smartphone sans fil.
Sur l’écran tactile on peut accéder à différents paramètres mais surtout à Google Maps (directement intégré) avec une personnalisation de l’interface pour prendre en compte les stations de recharge sur vos trajets.
En dessous, on dispose d’un large espace de rangement puisque Renault a choisi de positionner la boîte de vitesse en commodo (au volant, comme les américains). Ce choix permet également de laisser plus de place à un grand accoudoir.
Toujours dans sa recherche de confort, Renault a intégré un second écran derrière le volant. Il affiche les informations de conduite ainsi que d’autres données déportées provenant de l’ordinateur de bord.
Oh, il y a en fait un troisième écran : celui du rétroviseur intérieur qui, si vous souhaitez économiser de l’énergie, peut se transformer en rétro « normal » d’un simple geste.
Si le confort est bien au rendez-vous à l’avant, on se sent un peu à l’étroit à l’arrière. Rien à voir avec l’espace disponible, la position des sièges et le sol plat permettant aux plus grands gabarits de se sentir à l’aise.
Il est plutôt question ici de se sentir enfermé, la faute à des fenêtres un peu petites ne laissant entrer que peu de lumière. Renault ne propose pas de toit panoramique (même en option) ce qui aurait permis de donner une impression d’espace avec la lumière entrante.
De nuit, tous les éléments s’illuminent sans que les écrans n’agressent nos rétines. Renault à intégré des jeux de LED (par exemple un beau liseré bleu sur les portes) rendant l’ensemble très élégant. On se sent pilote à bord de son vaisseau amiral. Enfin, si on a gardé une âme d’enfant.
L’intérieur de la Megane E-Tech est donc tout aussi séduisant que son design extérieur. Renault allie parfaitement modernité et confort. Effet wahou garanti dès l’ouverture des portes.
Pour le reste, la Megane E-Tech ne dispose que d’un seul et unique coffre de 389 litres (vu le gabarit du véhicule on aurait espérer un peu plus de place), l’espace à l’avant étant réservé au moteur. Notez également que le hayon n’est pas électrique sur notre modèle vendu près de 45 000 euros. Un petite économie de bout de chandelle qui fait tâche, d’autant que le niveau d’équipement général nous a agréablement surpris.
Plaisir de conduire
Pour apprécier pleinement le potentiel de la Megane E-Tech il faut bien sûr prendre le volant. En ville, sur routes ou sur autoroute, le « petit SUV » de Renault détonne.
Dans les milieux urbains, son rayon de braquage très réduit (au regard de son gabarit) permet de manoeuvrer sans encombre. On a la sensation de conduire un véhicule extrêmement léger, presque une compacte citadine. Les plus anciens diraient que la Megane E-Tech se conduit à deux doigts.
Mais c’est surtout sur route que la nouvelle star de Renault impressionne. Montée sur ses roues de 20 pouces, elle épouse les courbes avec aisance. Sur les routes de campagne, le mode Sport (il y en a quatre en tout, Sport, Confort, Eco, Personnalisé) permet de profiter d’une direction plus souple et d’une pédale d’accélérateur plus sensible.
Bien aidée par son couple de 300 Nm et ses 220 chevaux, la Megane E-Tech aurait presque des allures de Megane RS version Light (son châssis a été conçue avec les équipes de Renault Sport). Capable de passer de 0 à 100 km/h en à peine plus de 7 secondes, elle saura aussi séduire les amateurs de conduite « rythmée ».
Campée sur ses appuis grâce à des batteries positionnée sur la base du châssis, la Megane E-Tech offre de bonnes sensations de conduite, ne fait jamais craindre la sortie de route même lorsqu’on s’amuse un peu (trop).
Le système de freinage régénératif (que l’on peut régler sur trois niveaux grâce à des palettes au volant) permet de ne freiner que très rarement. Au niveau maximum, on ne touche même presque jamais au frein. De quoi s’amuser sans trop épuiser la batterie.
Sur autoroute, on peut compter sur un système d’aide à la conduite. Si la conduite sans les mains est encore interdite en France, la technologie de maintien de la trajectoire associée au régulateur de vitesse permet d’enchaîner les kilomètres sans le ressentir.
Le tout dans un silence de cathédrale, Renault ayant opté pour des isolants haut de gamme et un vitrage renforcé. Ajoutons à cela une capacité à conserver une bonne reprise entre 80 et 100 km/h, et doubler devient un jeu d’enfants.
En revanche, la lecture automatique des panneaux pose parfois problème. Lorsque l’on prend une sortie, la voiture freine au dernier moment, à hauteur du panneau. Trop dangereux.
Il n’est pas rare non plus que les caméras lisent un panneau de sortie et réduisent notre vitesse alors que l’on est sur la file de droite voire sur la bande centrale (sur trois voies). Le conducteur peut vite être agacé, les passagers toujours très surpris de ce ralentissement subite.
Parfaite au quotidien, galère en voyage
Attention, voilà le moment tant redouté : la Megane E-Tech peut-elle remplacer votre voiture thermique ? Comme la plupart des véhicules, oui pour le quotidien, non pour les longs trajets.
Notre modèle d’essai disposait de la charge à 22 kW (disponible en option pour 1 500 euros) quasi indispensable. Elle permet de recharger intégralement la Megane E-Tech en un peu moins de 3h15 contre 6h30 pour le 11 kW et 30h sur une prise de courant traditionnelle (2,3 kW).
Pour le quotidien, l’autonomie de la Megane E-Tech est amplement suffisante. Si Renault annonce 400 km avec une charge pleine, on est plutôt autour des 350 km selon les routes empreintées. En partant du principe qu’un Français parcourt en moyenne 54 km jour pour ses trajets domicile-travail-domicile et qu’une nuit de charge permet de récupérer près de 200 km d’autonomie, on est large.
En revanche, les longs trajets deviennent vite une galère. Nous avons traversé la France deux fois (Amiens-Baux de Provence aller/retour), en plein été, non sans difficultés.
Si la Megane E-Tech n’est pas la seule responsable de cette aventure désastreuse, elle n’est pas complètement innocente non plus. Par son autonomie faiblarde et ses temps de recharge très lents, elle nous a bien compliqué la tâche.
Si Renault promet une charge de 10 à 80% en 37 minutes sur une borne DC jusqu’à 130 W (comme certaines bornes Ionity par exemple), cela représente un coût de voyage quasi moins rentable qu’en voiture thermique. Sur une borne Ionity aussi rapide (facturation à la minute), on passe de 20 à 80% pour environ 40 euros, avant de repasser à la caisse 250 km plus loin. Soit un total de 120 euros pour 750 km. Une bonne routière thermique va plus loin pour moins cher, même avec le litre d’essence à 2 euros.
Les longs voyages sont donc intenables financièrement mais aussi en termes de timing. Notre trajet retour, qui s’est passé sans difficultés particulières, a nécessité tellement d’arrêts que notre trajet a duré plus de 15 heures, contre les 11 heures annoncées. On ne parle même pas de l’aller qui a duré près de 20 heures, la faute à des stations bondées et des bornes qui ne fonctionnaient pas. Autant dire qu’il vaut mieux ne pas avoir de rendez-vous dans la journée.
Ces difficultés n’incombent pas seulement à Renault mais à un réseau de recharge, disons-le, bordélique. Si Renault propose une carte Mobilize donnant accès à certaines bornes et que certaines cartes universelles facilitent la tâche, le trop grand nombre de fournisseurs oblige à installer une dizaine d’applications différentes.
Toutes ne prennent pas forcément en charge le paiement direct par carte bancaire. Et c’est sans parler des bornes défaillantes, de celles qui chargent moins vite que prévu, ou des files d’attente aux stations. Une catastrophe.
Preuve s’il en faut que Renault est conscient du problème, le constructeur propose pour vos longs trajets de louer à des tarifs avantageux une Megane… thermique. Ce n’est pas une blague.
Notre avis sur la Megane E-Tech
Après une semaine d’essai, pouvons-nous recommander la Megane E-Tech ? Dans la version que nous avons testée (l’une des mieux équipées), assurément. De son nouveau look à son niveau d’équipement en passant par son confort et le plaisir de conduite, la Megane E-Tech remplit parfaitement le contrat.
Reste que Renault – pourtant plus gros vendeur de voitures électriques pendant des années aux côtés de Tesla – ne parvient pas à rendre une copie irréprochable. Principal défaut de cette Megane E-Tech : son autonomie un poil faiblarde mais surtout sa recharge bien trop lente pour tenir de longs trajets sans que cela ne tourne au casse-tête (pour ne pas dire au cauchemar).
La Megane E-Tech sera donc le véhicule quasi-parfait pour une utilisation quotidienne (trajets maison-boulot-maison, courses etc.) voire en deuxième véhicule. Un peu juste pour une voiture vendue entre 35 000 et plus de 45 000 euros, hors bonus écologique.
Renault Megane E-Tech EV60
41 700 €
Technologies embarquées
8.0/10