Ce mercredi soir, Manuel Valls a présenté un discours devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, qui dresse la feuille de route de son mandat pour l’Outre-mer, où l’accent doit particulièrement être mis à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie et sur la lutte contre la vie chère.
Le ministre d’État a admis que ce sont dans les Outre-mer “que les crises sont les plus dures, que les vulnérabilités sont les plus fortes et que les relations de confiance sont les plus dures à construire”. Une situation qui est “le résultat d’un sentiment de mépris et d’abandon”.
Dans ce contexte, Manuel Vals conclut : “Je veux mettre fin au parisianisme de l’appareil d’État, que l’on cesse d’infantiliser les Ultramarins et que l’on écoute leurs élus et la population.”
La Nouvelle-Calédonie “à un moment décisif”
Scène de désolation aux lendemains des émeutes, dans le quartier du Médipôle où la plupart des enseignes ont été pillés, saccagées ou brûlées. Photo Anthony Tejero
Alors que Manuel Valls doit se rendre sur le Caillou ce samedi 22 février afin de poursuivre les discussions sur l’avenir institutionnel enclenchées à Paris, le ministre des Outre-mer rappelle que la Nouvelle-Calédonie, “à terre économiquement” et “meurtrie” par les émeutes se trouve à “un moment décisif, historique”.
“Le sang a de nouveau coulé sur le territoire. Les fractures sont profondes, mais je sais que seul le dialogue permettra de reconstruire un projet commun et partagé et d’imposer la paix”, insiste Manuel Valls, voulant s’inscrire dans la lignée de Michel Rocard, Lionel Jospin, ou encore de Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur afin d’être “inventifs, ambitieux et courageux” sur ce dossier.
Le ministre d’État a enfin rappelé qu’il “nous appartient de construire une Nouvelle-Calédonie unie et indivisible, qui s’appuie sur le dynamisme de ses trois provinces et de ses communes, d’imaginer une souveraineté avec la France, qui protège chacun, tout en poursuivant et achevant le processus de décolonisation.”
Reconstruction et développement économique de Mayotte
Des femmes marchent dans une rue de Pamandzi, sur le territoire français de Mayotte, dans l’océan Indien, le 17 décembre 2024, après que le cyclone Chido a frappé l’archipel. Photo Dimitar Dilkoff / AFP
Sur ce territoire dévasté par le cyclone Chido, l’adoption à l’Assemblée nationale du projet de loi d’urgence pour Mayotte a été une étape “décisive” pour pouvoir désormais envisager la reconstruction. Le ministre avance un plan en trois temps : urgence, reconstruction, refondation.
“Au printemps et après concertation avec les élus”, un projet de loi-programme sera présenté visant le développement économique, social et éducatif du territoire sur de nouvelles bases et portant également des “mesures fermes” pour lutter contre le “fléau de l’immigration”.
Lutte contre la vie chère
La Nouvelle-Calédonie, comme l’ensemble de l’Outre-mer, est confrontée à la vie chère. Photo : Archives LNC / Niko Vincent
Sur ce sujet, Manuel Valls a rappelé que ce phénomène “insupportable” touche l’ensemble des Outre-mer et “met en péril la cohésion sociale” de ces territoires. Un plan structurel en 5 axes est proposé avec un “propos de vérité” sur “le partage et la chaîne de valeur outre-mer qui ne sont pas équitables”. Le ministre d’État l’a rappelé : “l’heure n’est plus aux demi-mesures ou aux solutions désuètes. Je ne céderai à aucune facilité : ni tout-marché, ni tout-État.”
À ce sujet, Manuel Valls avertit : “Il y a ce qui relève d’une réalité économique _ l’éloignement qui augmente les coûts, l’étroitesse des marchés qui empêchent les économies d’échelle et, parfois, la faiblesse des infrastructures _ mais il y a ce qui relève de la tromperie, de l’abus de position dominante. Et là, je serai intraitable.”
Dans son discours, Manuel Valls a tenu à fustiger certaines ingérences étrangères, à commencer par celles de l’Azerbaïdjan qui “remettent en cause l’intégrité des territoires ultramarins”. Le ministre a appelé l’ensemble des députés à “condamner fermement et unanimement ces pratiques” et à “refuser toute complaisance avec les autorités de Bakou”.
Il s’est ensuite adressé aux élus ultramarins qui se sont rendus à certaines conférences orchestrées ou organisées avec le soutien de Bakou : “A ceux qui se rendent dans ces cénacles anti-France, je veux dire que je ne juge pas leurs convictions, mais qu’en participant à ces initiatives, ils ne sont que les pions d’un jeu diplomatique qui n’a qu’un seul but : nous affaiblir tous”.