Après deux années hors norme, le nombre d’entreprises en difficulté en France a bondi en 2022, selon des données des greffiers des tribunaux de commerce, qui pointent la fragilité des sociétés créées pendant la crise sanitaire. Sur la période allant de janvier à novembre 2022, le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce a dénombré 315 824 entreprises radiées du registre du commerce et des sociétés, qui ont donc cessé leur activité, un chiffre en hausse de 14 % par rapport à la même période de 2021.
Le nombre d’entreprises en difficulté a grimpé de 53 % sur un an et s’élève à 34 082, un chiffre qui comprend les ouvertures de procédures de liquidation judiciaire, de redressement judiciaire et de sauvegarde. Il reste cependant inférieur de 17 % aux niveaux de 2019, précise l’étude.
« Le « mur des faillites » n’est pas d’actualité »
Pour le président du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, Thomas Denfer, « le « mur des faillites » n’est pas d’actualité », mais « les dynamiques négatives observées pour l’ensemble de nos indicateurs appellent à la vigilance ». « En cause, les effets à retardement de la crise sanitaire, avec l’arrêt progressif des dispositifs de soutien déployés à partir de 2020, et un contexte économique et géopolitique difficile (guerre en Ukraine, hausse des prix de l’énergie, inflation…) », explique l’étude dont les données ont été compilées et traitées par l’institut Xerfi.
Ce sont surtout les secteurs du e-commerce et de la livraison à domicile qui souffrent du « contrecoup des effets d’aubaine ponctuels créés par la crise sanitaire », avec huit entreprises radiées en 2022 sur dix créées depuis 2020. Plus globalement, 30 % des entreprises radiées, cette année, avaient été créées entre 2020 et 2022.
La Banque de France a annoncé, plus tôt jeudi, un fort rebond de 49 % du nombre de défaillances d’entreprises en France en 2022 sur un an, après la chute observée durant la crise sanitaire. « En 2022, le nombre de défaillances d’entreprises se normalise sans atteindre toutefois les niveaux pré-crise Covid », précise-t-elle : il est 20 % moins élevé que celui enregistré en 2019.
Au micro de BFM Business, le président délégué du Medef, Patrick Martin, a estimé que le niveau des défaillances d’entreprises rejoignait « peu ou prou le niveau de sinistralité de défaillances d’entreprises qu’on connaissait avant la crise Covid » et que la situation n’était pas pour autant « dramatique ».