Alors que l’Élysée étudie la piste d’un report des élections régionales et départementales prévues en juin et qu’un avis du Conseil scientifique sur cette question est attendu d’ici début avril, la grande majorité des partis politiques s’y oppose farouchement.
Initialement prévues pour le mois de mars, ces élections locales ont déjà été repoussées une première fois. Or, l’Élysée étudie la piste d’un nouveau report, à l’automne cette fois-ci, pour raisons sanitaires. Le Conseil scientifique doit remettre un rapport avant le 1er avril “sur l’état de l’épidémie de Covid-19, sur les risques sanitaires et sur les adaptations nécessaires attachées à la tenue des scrutins et des campagnes électorales précédant celui-ci”.
Avec la troisième vague de Covid-19 qui touche actuellement la France et des courbes épidémiques qui ne cessent de grimper, l’entourage du chef de l’État s’inquiète en particulier des difficultés à faire campagne. Réunions publiques, porte-à-porte, rencontres sur les marchés… ces événements ordinaires d’une campagne électorale sont difficilement compatibles avec le respect des gestes barrières, argue-t-on à l’Élysée.
“Voilà un an que nous vivons avec cette crise sanitaire, et la société ne s’est pas arrêtée pour autant, poursuivent-ils. Citoyens, entreprises, associations, nous avons toutes et tous su adapter nos modalités de fonctionnement, notre accès à l’information, notre manière de débattre. Nous ne pouvons pas suspendre la démocratie à un retour à la normale alors même que tout le monde s’accorde à penser qu’il faudra s’habituer pour longtemps à vivre dans un nouveau contexte sanitaire.”
Les auteurs du texte pointent notamment que douze pays de l’Union européenne ont tenu des élections depuis mars 2020 et que deux autres prévoient de le faire d’ici fin juin. Ils auraient également pu citer les États-Unis, où Joe Biden a été élu président en novembre, voire même la France, qui a organisé le second tour des élections municipales en juin 2020, au terme d’une campagne de second tour quasi-virtuelle.
“La campagne est possible”, soutient Matthieu Orphelin, député ex-LREM à la tête d’une liste écologique dans les Pays de la Loire, contacté par France 24. “On ne fait pas avec les moyens traditionnels comme les meetings ou le porte-à-porte, mais on sait s’adapter. On est plus présents sur les réseaux sociaux, on fait davantage de rencontres d’acteurs aussi, poursuit-il. On a aussi fait 13 ateliers thématiques en ligne qu’on aurait sans doute fait en réel dans une campagne classique. Mais ce format virtuel a été un succès et nous avons sans doute pu toucher des gens qui ne viendraient pas habituellement dans une réunion politique.”
Les élections régionales et départementales s’annoncent difficiles pour le parti présidentiel, qui manque d’ancrage territorial depuis sa création en 2016. Tous les sondages effectués jusqu’à présent donnent ainsi La République en marche perdante dans toutes les régions, à l’exception de Provence-Alpes-Côte-d’Azur. L’Île-de-France, en particulier, reste le symbole des ambitions revues à la baisse par LREM : alors que le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a longtemps été pressenti pour y être tête de liste, c’est finalement le député du Val-de-Marne, Laurent Saint-Martin, qui a accepté de se jeter dans la bataille.
Avec l’élection présidentielle prévue au printemps 2022, la plupart des candidats devraient en effet se lancer sérieusement en campagne dès l’été prochain. À droite, Xavier Bertrand, Valérie Pecresse et Laurent Wauquiez – respectivement présidents des Hauts-de-France, de l’Île-de-France et d’Auvergne-Rhône-Alpes – sont des candidats putatifs à un primaire qui pourrait se tenir à l’automne. Impossible, pour eux, de faire à la fois campagne pour les régionales et la présidentielle.
Ces dates des 13 et 20 juin sont les seules qui ont permis de trouver un compromis politique, c’est la seule solution possible, souligne Matthieu Orphelin. Reporter les élections serait un très mauvais calcul pour la démocratie et serait immanquablement vu comme une manœuvre politique. Or, alors que la France connaît déjà une crise sanitaire, une crise sociale et une crise environnementale, on n’a pas besoin de rajouter une crise politique.